Iran central, d’une capitale à l’autre : de Persépolis à Ispahan
Obtenir le lien
Facebook
X
Pinterest
E-mail
Autres applications
Nous
poursuivons notre route sur le plateau iranien pour aller visiter le point le
plus méridional de notre périple : Persépolis.
Petit
rappel historique si comme nous, vous êtes nuls en antiquité : Persépolis
a été la capitale de l’empire perse des Achéménides, autour de 500 avant JC, à
une époque où les Perses régnaient sur un empire qui s’étendaient du nord de
l’Inde à la Lybie et à la Grèce. L’empire a été conquis par Alexandre le Grand
qui, pour marquer la chute de l’empire, incendia la ville.
Persépolis
était la capitale politique et servait en particulier aux festivités de Noruz,
le nouvel an iranien, qui célèbre l’arrivée du printemps. A cette occasion, des
représentants de toutes les régions de l’empire venaient rendre hommage, et apporter
de coûteux tributs, à l’empereur.
Donc,
les restes de Persépolis déclinent ces deux thèmes : l’arrivée du
printemps et les délégations rendant hommage à l’empereur.
Nous
passons une grosse demie journée sur le site. Certains vestiges sont magnifiques :
de splendide bas-reliefs, des sculptures, une imposante porte… D’autres sont
plus décevants et nécessitent de faire preuve de beaucoup d’imagination, comme
par exemple, les immenses « salles » dont il ne reste que les bases
des colonnes qui les délimitaient.
Le sphynx de la Porte des Nations
L'armée des immortels, aux ordres de l'empereur achéménide
Les touristes !
Le lion (le soleil), chassant le boeuf (le froid) : métaphore du printemps
Chapiteau de colonne, devenu le symbole de l'Iran
Des graffitis sur les ruines, devenus historiques
Vue de Persépolis
Bas-relief d'un tombeau sassanide, près de Persépolis
Vue d'ensemble des tombeaux
L’ambiance
est touristique bien sûr. Nous retrouvons à Persépolis tous les groupes de
Français qui nous avons fuis jusqu’à présent. C’est sans doute à Persépolis, au
point le plus éloigné de chez nous, que nous avons croisé le plus de Parisiens…
Accablés
par le monde et la chaleur, nous prenons la direction des montagnes Zagros au
nord de Persépolis. Petite bravade au tourisme réglementaire, nous choisissons
de faire l’impasse sur Chiraz, fatigués que nous sommes des villes iraniennes,
leurs bazars, mosquées, touristes, et caravansérails, qui finissent par un peu
toutes se ressembler.
Une vallée au nord de Persépolis
L'interdiction a-t-elle pour finalité notre sécurité ou notre moralité ?
Nous
nous promenons dans les montagnes jusqu’à trouver un coin sympa où camper. La
nature autour de nous est verdoyante, ce qui, après le désert, est rafraichissant.
Nous trouvons un endroit parfait au milieu des vergers et installons le
campement. Des villageois viennent nous accueillir en nous offrant des paniers
de pommes.
Comme à la maison
A la douche!
De quoi cuisiner plein de crumble!
L’un
d’eux, Ali, nous invite à dîner et à dormir chez lui. Selon lui, il fait trop
froid la nuit et dormir dehors peut être dangereux à cause des loups et des
ours. Nous acceptons avec plaisir le couvert mais déclinons le gîte, en leurs
expliquant qu’il fait bien plus froid en France et que les loups et ours ne
nous effraient pas. Dans notre imaginaire d’européen, ces animaux sauvages sont
théoriques ; ils ont bien plus peur de nous que nous avons peur d’eux et
nous n’en avons bien sûr jamais vu en liberté en Europe.
Nous
passons une super soirée avec notre nouveau copain et sa famille. Le
barbec qu’il nous prépare, et que nous dégustons accroupis sur le tapis, est
délicieux. Nous en apprenons beaucoup sur les Qashkai, l’ethnie à laquelle il
appartient, un groupe semi-nomade qui a donné son nom à une voiture Nissan.
Nous nous quittons après le dîner, émerveillés par l’hospitalité iranienne, et
retournons sous notre douillette tente. Sur la route qui nous ramène à la
tente, nous croisons des villageois sur une moto armés d’un fusil à pompe. Ali
nous explique que l’arme est utilisée pour se protéger des animaux sauvages.
C’est un peu tard pour revenir en arrière et nous nous endormons un peu
inquiets dans la tente.
C'est sympathique mais pas très confortable
Miam
Et là,
c’est le drame. Au milieu de la nuit, nous sommes réveillés par des hurlements
de loups à quelques mètres de la tente. Ils sont au moins 3 ou 4. Paniqués,
nous quittons la tente pour nous réfugier dans la voiture. Nous y finissons la
nuit très inconfortablement en nous maudissant de n’avoir pas écouté les sages
Qaskhai ! Les loups n’ont même pas daigné nous montrer leurs yeux,
brillants dans la nuit…
On a connu meilleure nuit
Le
lendemain, c’est parti pour Ispahan. Nous y arrivons après 6 heures d’une route
longue et pénible (chemins caillouteux sur plusieurs dizaines de kilomètres).
Un campement de Qashkais
Ispahan
est sublime. De très beaux bâtiments, des jardins, des fontaines. La ville a
été la capitale de Shah Abbas, au 16e siècle, quand l’empire des
Safavides était à son apogée. Nous visitons les sublimes mosquées, palais et jardins qui témoignent de cette grandeur passée.
La sublime place de l'Imam et le dôme mosquée du Cheikh Lotfallah
La même, de nuit
La mosquée du Shah, sur la place de l'Imam
Très joli pont. La rivière n'est en eau que deux ou trois mois par an, conséquence des problèmes environnementaux iraniens
Place de l'Imam
Intérieure de la cathédrale arménienne d'Ispahan : les Arméniens, déplacés de force par Shah Abbas, étaient de riches commerçants et jouissaient d'une autonomie religieuse et administrative
Expo sur les Arméniens, avec une vitrine sur le génocide, intéressant au vu du réchauffement des relations irano-turques
Intérieur du palais Hacht Behecht
Plafond et colonnes du Palais des quarante colonnes
Les fresques du palais des quarante colonnes témoignent des influences étrangères dans la peinture persane
Influences mongoles
Et occidentales
Entre deux visites, un festin (sous plastique...) arrosé de bière sans alcool
L'agaçante double-tarification iranienne: pour les Iraniens, 30 000 rials, pour les autres 200 000
Idem. Inutile de discuter, le guichetier se moque que nous sachions lire les chiffres persans
Intérieur de la sublime mosquée du vendredi, plus ancienne et donc moins richement décorée que les autres. Il y règne une ambiance de mystère
La cour est plus récente, donc plus décorée. Le drapeau noir n'est pas celui de Daech, il marque la commémoration du massacre de Kerbaka
Niche de la mosquée du vendredi
Ambiance dans le bazar d'Ispahan
A Ispahan, l’ambiance est calme, ce qui tranche avec l’hyperactivité d’autres villes d’Iran. Il y règne une douceur de vivre et même une certaine insouciance qui fait plaisir à voir, dans un pays où règne dans l’espace public, saturé d’interdiction, une étrange lourdeur.
Un
exemple de cette insouciance : nous découvrons un super café dont le patron est un jeune
hipster, amoureux (et un peu désespéré) de son pays. Cette rencontre nous
permet d’apprendre la tragique histoire des jeunes Téhéranais qui, ayant fait
une vidéo sur la chanson Happy de Pharell Williams avec danse et femmes non
voilées, ont fini en prison et/ou fouettés. Avec sa bande d’amis, notre nouveau
copain cafetier a fait un clip vidéo sur la même chanson, en respectant toutes
les règles du gouvernement. Une manière insolente de démontrer que, malgré les
interdits, il y a une place pour la joie de vivre.
Le lendemain, inutile de visiter Tabriz : la fête religieuse se poursuit (Tashura devient Ashura, mais en gros, c’est pareil) et du coup tout est fermé. Nous décidons donc de reprendre la voiture pour visiter la région. Direction : le lac Ourmia. Un ancien lac salé gigantesque qui a perdu 90 % de sa surface ses trente dernières années (pourquoi ? les besoins en eau des nombreux nouveaux habitants de Tabriz). L’endroit est surprenant. Un pont gigantesque traverse une étendue au ¾ asséchée. Des bateaux sont à sec. Nous nous approchons de ce qu’il reste de lac : l’eau est gluante en raison de sa saturation en sel, elle sèche presqu’immédiatement, laissant sur la peau du sel cristallisé. Pas grand chose à par nous Très sec Quelqu'un a oublié sa pelle, en phase avancée de cristallisation Polaire En voilà un qui ne va pas aller bien loin Antoine s'amuse comme un petit fou Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à Kandovan,...
Après ces journées passées à vivre comme des fermiers géorgiens, nous sommes à la recherche d’un peu de confort et de modernité. Batumi nous semble être la ville idéale pour cela. Située au sud du pays, près de la frontière turque, Batumi est la nouvelle station balnéaire à la mode depuis la perte des plages d’Abkhazie. (L’Abkhazie est une région du nord de la Géorgie ayant fait sécession, avec l’aide du Kremlin, dans les années 1990). Après quelques heures de route sous des trombes d’eau, nous arrivons à Batumi, ville située sur la côte et entourée de hautes collines verdoyantes. Cette ville est une sorte de Dubaï à la géorgienne : le centre historique est joli et bien mis en valeur et côtoie d’improbables tours futuristes tout à fait réussies. La mer n’est pas extraordinaire, la plage est en galets et l’eau est polluée en raison de la proximité d’un port commercial. Les vagues sont parfois extraordinaires, voire extraordinairement dangereuses (un shore break ravageur). ...
La traversée devait durer 40 heures, elle en durera finalement 48. Le temps est au beau fixe, la mer est à peine agitée mais, dans notre bateau monstre (équivalent d’un immeuble de 10 étages), la houle est très supportable. C'est la Mer Noire! On a même croisé un autre bateau! C'est la nuit noire! Nous mettons à profit ce temps pour mettre à jour ce blog, lire, admirer la mer (Dorothée a vu des dauphins !) et, surtout, dormir comme des loirs et manger comme des ogres (car, comme le dit Winnie l’ourson : « dormir, ça creuse et manger, ça fatigue »). Cabine plutôt confort! Avec nous sur le bateau, il y a une poignée de touristes ukrainiens (dont un improbable couple ukraino-iranien) mais surtout une grosse quarantaine de chauffeurs de poids lourds ukrainiens, géorgiens, azéris, kazakhes. Cette population est tout ce qu’il y a de sympathique : bourrés H24 au ventre rebondi et à l’œil torve, couvant Dorothée d’un rega...
Commentaires
Enregistrer un commentaire