Iran central, d’une capitale à l’autre : de Persépolis à Ispahan


Nous poursuivons notre route sur le plateau iranien pour aller visiter le point le plus méridional de notre périple : Persépolis.

Petit rappel historique si comme nous, vous êtes nuls en antiquité : Persépolis a été la capitale de l’empire perse des Achéménides, autour de 500 avant JC, à une époque où les Perses régnaient sur un empire qui s’étendaient du nord de l’Inde à la Lybie et à la Grèce. L’empire a été conquis par Alexandre le Grand qui, pour marquer la chute de l’empire, incendia la ville.

Persépolis était la capitale politique et servait en particulier aux festivités de Noruz, le nouvel an iranien, qui célèbre l’arrivée du printemps. A cette occasion, des représentants de toutes les régions de l’empire venaient rendre hommage, et apporter de coûteux tributs, à l’empereur.

Donc, les restes de Persépolis déclinent ces deux thèmes : l’arrivée du printemps et les délégations rendant hommage à l’empereur.

Nous passons une grosse demie journée sur le site. Certains vestiges sont magnifiques : de splendide bas-reliefs, des sculptures, une imposante porte… D’autres sont plus décevants et nécessitent de faire preuve de beaucoup d’imagination, comme par exemple, les immenses « salles » dont il ne reste que les bases des colonnes qui les délimitaient.

Le sphynx de la Porte des Nations

L'armée des immortels, aux ordres de l'empereur achéménide

Les touristes !

Le lion (le soleil), chassant le boeuf (le froid) : métaphore du printemps

Chapiteau de colonne, devenu le symbole de l'Iran

Des graffitis sur les ruines, devenus historiques

Vue de Persépolis
Bas-relief d'un tombeau sassanide, près de Persépolis
Vue d'ensemble des tombeaux


L’ambiance est touristique bien sûr. Nous retrouvons à Persépolis tous les groupes de Français qui nous avons fuis jusqu’à présent. C’est sans doute à Persépolis, au point le plus éloigné de chez nous, que nous avons croisé le plus de Parisiens…

Accablés par le monde et la chaleur, nous prenons la direction des montagnes Zagros au nord de Persépolis. Petite bravade au tourisme réglementaire, nous choisissons de faire l’impasse sur Chiraz, fatigués que nous sommes des villes iraniennes, leurs bazars, mosquées, touristes, et caravansérails, qui finissent par un peu toutes se ressembler.

Une vallée au nord de Persépolis

L'interdiction a-t-elle pour finalité notre sécurité ou notre moralité ? 

Nous nous promenons dans les montagnes jusqu’à trouver un coin sympa où camper. La nature autour de nous est verdoyante, ce qui, après le désert, est rafraichissant. Nous trouvons un endroit parfait au milieu des vergers et installons le campement. Des villageois viennent nous accueillir en nous offrant des paniers de pommes.


Comme à la maison  

A la douche!

De quoi cuisiner plein de crumble!

L’un d’eux, Ali, nous invite à dîner et à dormir chez lui. Selon lui, il fait trop froid la nuit et dormir dehors peut être dangereux à cause des loups et des ours. Nous acceptons avec plaisir le couvert mais déclinons le gîte, en leurs expliquant qu’il fait bien plus froid en France et que les loups et ours ne nous effraient pas. Dans notre imaginaire d’européen, ces animaux sauvages sont théoriques ; ils ont bien plus peur de nous que nous avons peur d’eux et nous n’en avons bien sûr jamais vu en liberté en Europe. 

Nous passons une super soirée avec notre nouveau copain et sa famille. Le barbec qu’il nous prépare, et que nous dégustons accroupis sur le tapis, est délicieux. Nous en apprenons beaucoup sur les Qashkai, l’ethnie à laquelle il appartient, un groupe semi-nomade qui a donné son nom à une voiture Nissan. Nous nous quittons après le dîner, émerveillés par l’hospitalité iranienne, et retournons sous notre douillette tente. Sur la route qui nous ramène à la tente, nous croisons des villageois sur une moto armés d’un fusil à pompe. Ali nous explique que l’arme est utilisée pour se protéger des animaux sauvages. C’est un peu tard pour revenir en arrière et nous nous endormons un peu inquiets dans la tente.

C'est sympathique mais pas très confortable

Miam

Et là, c’est le drame. Au milieu de la nuit, nous sommes réveillés par des hurlements de loups à quelques mètres de la tente. Ils sont au moins 3 ou 4. Paniqués, nous quittons la tente pour nous réfugier dans la voiture. Nous y finissons la nuit très inconfortablement en nous maudissant de n’avoir pas écouté les sages Qaskhai ! Les loups n’ont même pas daigné nous montrer leurs yeux, brillants dans la nuit…

On a connu meilleure nuit

Le lendemain, c’est parti pour Ispahan. Nous y arrivons après 6 heures d’une route longue et pénible (chemins caillouteux sur plusieurs dizaines de kilomètres).

Un campement de Qashkais

Ispahan est sublime. De très beaux bâtiments, des jardins, des fontaines. La ville a été la capitale de Shah Abbas, au 16e siècle, quand l’empire des Safavides était à son apogée. Nous visitons les  sublimes mosquées, palais et jardins qui témoignent de cette grandeur passée. 

La sublime place de l'Imam et le dôme mosquée du Cheikh Lotfallah

La même, de nuit

La mosquée du Shah, sur la place de l'Imam

Très joli pont. La rivière n'est en eau que deux ou trois mois par an, conséquence des problèmes environnementaux iraniens

Place de l'Imam

Intérieure de la cathédrale arménienne d'Ispahan : les Arméniens, déplacés de force par Shah Abbas, étaient de riches commerçants et jouissaient d'une autonomie religieuse et administrative

Expo sur les Arméniens, avec une vitrine sur le génocide, intéressant au vu du réchauffement des relations irano-turques

Intérieur du palais Hacht Behecht

Plafond et colonnes du Palais des quarante colonnes

Les fresques du palais des quarante colonnes témoignent des influences étrangères dans la peinture persane

Influences mongoles

Et occidentales

Entre deux visites, un festin (sous plastique...) arrosé de bière sans alcool

L'agaçante double-tarification iranienne: pour les Iraniens, 30 000 rials, pour les autres 200 000 

Idem. Inutile de discuter, le guichetier se moque que nous sachions lire les chiffres persans

Intérieur de la sublime mosquée du vendredi, plus ancienne et donc moins richement décorée que les autres. Il y règne une ambiance de mystère

La cour est plus récente, donc plus décorée. Le drapeau noir n'est pas celui de Daech, il marque la commémoration du massacre de Kerbaka

Niche de la mosquée du vendredi

Ambiance dans le bazar d'Ispahan

A Ispahan, l’ambiance est calme, ce qui tranche avec l’hyperactivité d’autres villes d’Iran. Il y règne une douceur de vivre et même une certaine insouciance qui fait plaisir à voir, dans un pays où règne dans l’espace public, saturé d’interdiction, une étrange lourdeur.


Un exemple de cette insouciance : nous découvrons un super café dont le patron est un jeune hipster, amoureux (et un peu désespéré) de son pays. Cette rencontre nous permet d’apprendre la tragique histoire des jeunes Téhéranais qui, ayant fait une vidéo sur la chanson Happy de Pharell Williams avec danse et femmes non voilées, ont fini en prison et/ou fouettés. Avec sa bande d’amis, notre nouveau copain cafetier a fait un clip vidéo sur la même chanson, en respectant toutes les règles du gouvernement. Une manière insolente de démontrer que, malgré les interdits, il y a une place pour la joie de vivre.

Version téhéranaise de Happy

Version ispahanaise


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