Téhéran : l’Iran moderne, très moderne

On nous avait prévenu que Téhéran était immense et encombrée. C’est peu dire. A mesure que nous entrons dans la ville, nous pénétrons un marasme de voitures, d’autoroutes, de tours en construction et d’air pollué. Tbilissi et Erevan peuvent aller se rhabiller ; autant comparer New York et Clermont Ferrand.

Les quelques jours que nous passons à Téhéran vont confirmer cette première impression. La ville est gigantesque, nous nous y perdons plusieurs fois. En bons parisiens, nous cherchons d’abord le métro (avec des wagons non mixtes), mais il est loin de chez nous et plusieurs autoroutes intraversables nous barrent le chemin. Nous nous replions sur le bus (lui aussi non mixte) dont les stations ne sont, bien évidemment, écrites qu’en farsi… Le taxi ? Nous faisons quelques tentatives mais les chauffeurs de taxi sont très… parisiens ! En un mot, c’est l’arnaque. Heureusement, nous découvrons Snap, le Uber local (en farsi uniquement bien sûr !). Ca y est, nous sommes parés pour partir à l’attaque de Téhéran !




Rames de métro et de bus réservées aux femmes

Téhéran est très différente des autres villes d’Iran : ici, point de caravansérail ni de mosquées millénaires, tous les bâtiments sont plus ou moins récents et sans intérêt. Cela peut désorienter le touriste à la recherche de la Perse éternelle, mais cela nous fait plutôt plaisir. Nous voici dans notre élément, une grosse ville, avec rien d’autre à faire qu’à visiter les musées et trainer dans les rues et les cafés.

Bazar de Téhéran

Musée de la poste (notez la jolie mitrailleuse dessinée)

Des chips au fromage : l'échec culinaire du"café de Paris"

Nous visitons ainsi le musée d’histoire de l’Iran, où nous admirons les trésors de la civilisation perse préislamique et islamique.

Nous allons aussi au musée de la défense nationale, un énorme musée de patriotisme exposant la révolution et la guerre Iran-Irak qui a duré de 1980 à 1988. Ce musée permet de prendre conscience du traumatisme qu’a été cette guerre et de mesurer à quel point cette guerre est utilisée par le régime pour alimenter l’amour de la patrie et le sentiment de rejet par le reste du monde. En effet, quand Saddam Hussein a attaqué l’Iran en 1980, il avait la bénédiction (et les armes, y compris chimiques) de l’Occident, qui n’a pas bougé le petit doigt pour empêcher cette agression. La guerre a quand même fait environ 800 000 morts, euh pardon, de « martyrs » pour reprendre la terminologie du musée (précisons que les morts iraniens seulement sont des « martyrs », les Irakiens sont simplement des morts).

A la mémoire glorifiée des victimes de la guerre Iran-Irak

Les civils ont eux aussi soufferts de la guerre Iran-Irak (reconstitution)

Reconstitution d'une casemate (surclimatisée, pour nous faire endurer ce que vivaient les soldats)

Reconstitution d'un marécage
Résolution de l'ONU demandant le cessez-le-feu, qui n'a pas été suivie du moindre effet

Notez la terminologie : "martyr" pour les Iraniens, "killed" pour les Irakiens
  
A la fin de l'exposition sur la guerre, une centrale nucléaire iranienne "civile"...

Sympathique décor 

Ambiance

Sur une note plus joyeuse, Dorothée va visiter le musée des joyaux, qui rassemble les collections de bijoux des dynasties iraniennes. Le musée est dans une salle archi sécurisée située au sous-sol de la banque centrale d’Iran et les bijoux sont à la hauteur du dispositif de sécurité (photo interdite bien sûr) ! Pendant ce temps, Antoine fait son footing dans un parc où se promènent femmes non voilées, sportifs en short et autres fumeurs de joints.

Un parc à Téhéran

Nous avons la chance, grâce à Armand, le témoin d’Antoine qui a de la famille à Téhéran, de rencontrer des Téhéranais pur jus. Nous passons deux excellentes soirées avec la famille d’Armand. C’est une vraie chance de les rencontrer : ils nous accueillent avec beaucoup de gentillesse et nous montre un autre visage de l’Iran. Nous pouvons leur poser toutes les questions qui nous passent par la tête et en apprenons beaucoup sur l’Iran d’aujourd’hui. Merci à eux pour leur accueil !

Soirée avec nos copains iraniens à Bam Téhéran, sorte de Foire du Trône sur les hauteurs de la ville

A Téhéran, nous rencontrons moins d’inconnus qu’à Qazvin ou Tabriz : Téhéran est une grande ville, les gens « s’abordent » moins facilement. Néanmoins, nous faisons une rencontre inattendue : notre voisin de palier est avocat et il nous invite à prendre le thé dans son cabinet, ce que nous acceptons avec plaisir ! Encore une fois, nous constatons la grande gentillesse et bienveillance des Iraniens à notre égard. Une belle leçon pour nous…
 
L'arche érigée pour l'anniversaire de la Perse (2 500 ans, ça se fête!)
Rue de l'ambassade de France (c'est à Neauphle-le-Château que s'était réfugié Khomeini avant la révolution)

Spectacle rarissime en Iran : une femme fait du sport


Finalement, Téhéran n’est pas si inhospitalière que ce qu’en disent les guides touristiques. Certes, cette ville n’est pas historique. Mais, précisément, elle incarne l’Iran moderne et, à ce titre, elle est passionnante !

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

De Tabriz à Téhéran : lac Ourmia, Qazvin et vallée des Assassins

Batumi (Géorgie) : le Dubaï de la mer Noire

Ukraine -> Géorgie : traversée en ferry